L’image de l’Acropole en ruine fut longtemps l’emblème d’une politique visant à la mise à distance d’un Sud qui semblait fatalement vicié par la crise. Or la proposition de cette politique d’austérité – économie, rigueur, privation – ignorait non seulement le vécu réel des sociétés européennes en question, mais aussi la véritable profondeur de la crise elle-même. Les phénomènes omniprésents de scission sociale et de radicalisation ne laissent plus de doute : la dimension de la crise dépasse largement les seules questions de politique budgétaire. La défaillance de l’État et la détresse humanitaire dans les sociétés méditerranéennes font part d’une crise générale européenne. L’espace de la Méditerranée rend visible, comme sous une loupe, les problèmes d’avenir du monde global. L’Europe doit donc se repenser à partir du Sud : comment voulons-nous vivre ensemble ?