Étrange et mystérieux métier que celui de peintre. La guerre gronde aux portes de l’Europe, les glaciers fondent, la marchandisation du monde et le règne de la technique étendent leur emprise. Qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, ils sont là, fidèles au poste, dans leurs ateliers, parmi les dernières enclaves échappant encore à l’ordre économique. Armés de quelques pinceaux et brosses, ils persistent à vouloir, en ce siècle de zapping, d’excès et de folies, « équilibrer des formes et des couleurs jusqu’à ce qu’elles sonnent juste » écrit Ernst Gombrich.
Peut-on, aujourd’hui, être moderne en s’adonnant à la peinture ? Pour les artistes dont nous avons brossé le portrait cela ne fait aucun doute. Ce, à condition que la genèse du tableau se fasse intérieurement. Qu’elle soit inspirée. Les arts visuels existent avant tout pour communiquer l’indicible. Pour nous transmettre, nous révéler ce que les mots ne peuvent exprimer.