Personne de moins bavard que Miró. Toute sa vie il s’est appliqué à s’effacer derrière son œuvre. C’est par elle, et par elle seule, qu’il a tenté d’agir sur l’esprit et le cœur de ses contemporains. Et pourtant dans ce livre Miró parle. Sa frénésie de création n’a jamais été plus grande. Peut-être les amateurs d’anecdotes resteront-ils sur leur faim. Mais ce n’est pas pour alimenter des ragots que Miró parle. Il a beaucoup vu – en Espagne, en France, aux États-Unis, au Japon... –, a connu la misère avant la gloire, a croisé tout ce qui a un nom, a eu pour amis tout ce qui a fait l’art moderne : Picasso, Kandinsky, Duchamp, Varèse, Cage, Breton, Desnos, Tzara, Leiris, Queneau, Calder, Max Ernst, Masson, Aragon, Buñuel, Dalí... Mais le plus précieux de ces entretiens est peut-être ce que le grand peintre dit à Georges Raillard de son travail, des innombrables toiles en cours qu’il mène de front. Entrer dans le secret de Miró, c’est entrer dans le secret de son atelier – qui nous concerne tous, comme le secret de tout grand art révolutionnaire.