Que fait avec le silence une œuvre hautement narrative, qui ne cesse, depuis 1999, de nous raconter des histoires et, visiblement, de prendre plaisir à le faire ? Les deux études critiques tentent de répondre à cette apparente aporie : la première revient sur la place qu’occupe le silence dans le processus claudélien de création littéraire ; la seconde appréhende les affinités, même secrètes, sur lesquelles se fonde la silencieuse gestation d’une œuvre. À ces lectures fait suite un remarquable entretien avec Philippe Claudel qui, en prolongeant les interrogations, s’attache à l’ensemble du parcours du romancier-cinéaste. L’ouvrage, que ponctuent trois textes confiés par l’auteur, se referme sur un long inédit, « La Petite ». Ainsi gagnera-t-on à appréhender ce livre comme la trajectoire d’un effacement progressif du commentaire, des études initiales au récit final, en passant par l’entretien à quatre voix cédant la place à la parole littéraire. Engageant un dialogue entre des sensibilités que retient une même œuvre, un désir précis anime l’ouvrage : donner à entendre la voix d’une écriture singulière, dont l’un des soucis majeurs serait de parvenir, avec les mots de tout le monde, à « sculpter du silence ».
Philippe Claudel est écrivain, cinéaste et dramaturge.