Comment les élites provinciales de Haute-Égypte du Nouvel Empire sont-elles parvenues à atteindre les plus hautes sphères de l’État pharaonique ? Quelles ont été leurs stratégies pour s’y maintenir et y prospérer ? Quel rapport spécifique ont-elles entretenu avec le pouvoir royal ? Cet ouvrage, en s’appuyant sur une étude diachronique couvrant plusieurs siècles (1539-1077 av. J.-C.), propose des éléments de réponse à ces questions. En faisant appel à l’anthropologie de la parenté et à l’analyse de réseaux sociaux – Social Network Analysis (SNA) –, l’auteur remet en perspective les données historiques et prosopographiques pour révéler des évolutions majeures dans les relations des notables provinciaux, aussi bien entre eux qu’avec le pouvoir royal. La comparaison de la structure des différents réseaux restitués fait émerger des changements de comportement importants au sein de ces élites. Les replacer dans leurs contextes historique, géographique et politique permet de saisir les raisons qui ont provoqué la perte progressive d’influence du pouvoir pharaonique sur le sud de l’Égypte à la fin du Nouvel Empire. Si, durant la XVIIIe dynastie, les notables provinciaux de Haute-Égypte ont gravité autour du pouvoir royal au sein d’une véritable société de cour, la situation se trouve bouleversée dès le début de la période ramesside : alors ces élites semblent s’émanciper, voire concurrencer l’emprise du pharaon sur cette aire géographique. On passe ainsi d’une société de cour où l’on représente un pharaon tout puissant dans l’attribution des hautes charges étatiques, à une société de réseaux, où la reproduction sociale et les stratégies, notamment matrimoniales, fonctionnent pleinement.