En suivant les trois étapes de la démarche médicale décrire, prescrire, guérir cette étude interdisciplinaire examine comment les discours fictionnels et médicaux du XVIIIe siècle se rejoignent, s'opposent et se répondent. Sophie Vasset analyse la fiction anglaise de la première moitié du XVIIIe siècle (Defoe, Richardson, Fielding, Smollett, Sterne) en regard de la médecine populaire de la même époque. Certains éléments du discours médical sont en effet évoqués par les écrivains pour justifier leur entreprise littéraire. De même, la médecine utilise le récit et emploie des métaphores qu'elle partage avec la fiction. Ainsi, les médecins comme les écrivains cherchent à représenter le corps vivant dans tous ses états, de la douleur au plaisir, et à définir des principes de vie, qu'ils traquent par de multiples stratégies narratives. Les auteurs de fiction, comme ceux de la médecine populaire et didactique, développent à leur tour de nombreuses stratégies prescriptives : la lecture est censée aider à organiser sa vie quotidienne et guider la façon de s'occuper de son corps. Enfin, la fiction comme la médecine promettent de guérir par l'exercice physique et la purge, la pensée et le rire. La satire, par exemple, opère un traitement corrosif mais « nécessaire » que les écrivains comparent à la violence des traitements infligés aux patients.