À la fin du XVIIIe siècle, les collections romanesques illustrées contribuent au grand inventaire patrimonial des objets de savoir et des genres littéraires. Les anthologies du Cabinet des fées et des Voyages imaginaires, éditées par Charles-Joseph Mayer et Charles-Georges-Thomas Garnier, s'accompagnent de planches commandées à Clément-Pierre Marillier (1740-1808). La production éclectique du dessinateur « des Illustres François à la Sainte Bible, de Dorat à Raynal, des oeuvres de Prévost aux romans troubadour du comte de Tressan » permet de retracer une tradition d'illustration moyenne à diffusion assez large. En regard de l'ambition historiographique et diachronique des préfaces, les tableaux gravés de Marillier, autre espace de médiation, révèlent une culture visuelle, tracent l'horizon du lecteur de féeries et de romans, reflètent et magnifient l'univers du souscripteur des volumes. Il s'agissait donc de tenter une approche plurielle du rapport privilégié que l'illustration entretient avec le texte dans les livres à gravures aux XVIIe et XVIIIe siècles, ainsi que de leur réception et de leur consommation. L'équipe interdisciplinaire du « projet Marillier » a souhaité proposer au lecteur et spectateur un parcours d'émerveillement et un outil de travail. Elle s'est intéressée aux enjeux des fortunes que connaissait alors la Romancie, ce pays des romans que le prince Fan-Férédin se plaisait à parcourir dans le Voyage merveilleux... de Guillaume-Hyacinthe Bougeant (1735). Le volume comprend une mise en contexte, un ensemble d'études thématiques et un catalogue complet des illustrations. Le corpus, inédit à ce jour dans son intégralité, comprend, outre cinq frontispices, un ensemble rare de 196 lavis originaux et plusieurs dessins non retenus.