Étudier les classiques, c’est étudier ce qui fait consensus à travers les espaces institutionnels, que ce soit l’école, l’édition ou la recherche. Or, le classique n’est pas unanime : de fait, des recherches actuelles sur les manuscrits clandestins, les minores et autres formes d’écrits hétérodoxes et marginaux exposent au grand jour un corpus immense et infiniment varié qui n’a de cesse de renouveler notre lecture et notre compréhension d’une histoire des idées largement à repenser. Il existe en outre, à l’ombre de « l’officiel », de « l’autorité » et du « canonique », des textes, des idées et des personnages qui, s’ils participaient – volontairement ou non – à une culture du secret, ont tout de même contribué à façonner la République des Lettres. Par la diffusion restreinte et cachée de savoirs et de positions politiques, esthétiques, religieuses, sociales hétérodoxes, par un rapport mutin ou alors acharné à l’auctoritas, les manifestations que l’on peut qualifier de marginales sont hétérogènes et soulèvent des questions tout aussi multiples. Ces actes du dixième colloque « Jeunes chercheurs » du CIERL entendent étudier les ombres et pénombres de la République des Lettres qui laissent entrevoir les contours d’un Ancien Régime tiraillé entre pouvoir officiel et aspirations à la liberté.