La mélancolie n’est pas la bile noire, quoi qu'en disent les étymologies: philosophique, poétique, lettrée, artistique, elle hante notre imaginaire comme un motif lancinant qui traverse époques et cultures. Elle chatoie au soleil noir des relectures, des reprises et des décadences, comme un miroir de mots et de mondes passés qui, soudain, devient le miroir de l’artiste ou de l’écrivain. La vigueur de cette langueur intelligente et créative se dit dans l’histoire de sa transmission et de ses commentaires. Dès son invention, la mélancolie s'est créée dans ses descriptions et sa reconnaissance. L’humanisme y fut particulièrement enclin, lorsque se reconnaissait dans les textes anciens un mal d’être fort moderne et propagé par la lecture de bons livres. La rémanence du mot et de la notion depuis l’héritage antique, la Renaissance et jusqu’à nos temps modernes en dit non pas l’imprécision mais la puissance évocatrice. Les études ici rassemblées interrogent ainsi le miroir de la mélancolie, cette inspiration seconde, savante et personnelle tout à la fois.