Alors que des voyageurs comme Cook et Bougainville avaient déjà fait le tour des océans et des terres, que pouvaient encore dire les Allemands sur le reste du monde ? Comment Kant, auteur de l’Impératif catégorique qui n’a jamais quitté sa ville de Königsberg, a-t-il pu servir de référence pour étudier la construction de l’altérité d’un continent qui lui fut, comme du reste pour beaucoup de ses compatriotes, un continent inconnu ? En s’appuyant sur l’exemplarité du mouvement circulatoire des idées des Lumières, françaises et anglaises en particulier, et à travers des textes d’une très grande diversité, les anthropologues et philosophes de la « Aufklärung » résument un débat européen sur le continent africain. C’est en cela que le choix de ce pays est significatif pour la présente recherche qui veut interroger le sens de cette altérité, elle-même construite sur un projet d’universel fort discutable. Ce projet, qui a précédé et formaté celui de la Ruse de la Raison de Hegel, a de particulier pour notre modernité en cours le fait qu’il est bien loin d’avoir épuisé la construction d’un autre universel possible.