Sous l’égide symbolique du soixantenaire des Indépendances Africaines, en guise de bilan, Femmes noires francophones propose une réflexion subsaharienne sur le patriarcat et le sexisme aux xxe-xxie siècles. Cet essai, qui se présente comme une déclaration de politique générale, affirme que «?l’heure de nous-même a sonné?». Grâce au récit d’expériences de femmes contemporaines, l’ouvrage est riche de questionnements, d’enjeux et d’interpellations collectives liés à une époque où, sans plus déléguer leur parole à des intermédiaires et d’énièmes médiateurs, les femmes entendent désormais s’exprimer elles-mêmes sur les questions qui les concernent. La femme noire et africaine, c’est l’histoire de tant de vies acculées, de tant de ferveurs occultées, de tant de rêves étouffés, de tant d’expériences confinées par des frontières imposées. L’auteure évoque ici une femme reléguée dans un ghetto hors du temps, dont le portrait est encadré par des plafonds de verre et des bornes exogènes. Une femme à qui le racisme et le patriarcat contestent le droit à la parole, dont on s’arroge le droit de devenir expert(e) et porte-parole, de façon surplombante, en toute arrogance et indifférence, sans lui laisser le droit élémentaire et légitime de parler en son nom propre.