Racine, le « Divin Sot », ne composa jamais d’ouvrages théoriques. Peut-on en conclure pour autant qu’il n’existe pas de théorie racinienne du genre tragique ? L’hypothèse de ce livre est que l’émule d’Euripide spéculait per actiones comme son grand modèle antique et ne cessa jamais d’écrire « la tragédie des tragédies ». Ses héros personnifient des styles et des idées ; ses intrigues sont des périphrases de débats spéculatifs et de conflits d’archétype ; le nœud, l’agôn et la conduite de ses tragédies successives allégorisent les querelles qui se succèdent au XVIIe siècle autour du modèle tragique : querelle des cornéliens et des « doucereux », querelle des règles, querelle des anciens et des modernes, querelle des dévôts ou « des Visionnaires ». D’Andromaque à Iphigénie et de Bérénice à Phèdre, Racine s’avance caché sous le masque de ses héros et sous le voile de ses intrigues. Ce sont ses argumentations que cet ouvrage déchiffre sous l’argument des tragédies.