Entre le viiie et le XVe?siècle ont existé au Sahel nombre de villes-marchés, de cité-États, de royaumes et de sultanats. La plus célèbre et la mieux documentée de ces formations politiques est le sultanat du Mali (XIIIe-XVe siècle). S'y rapportent tant l'épopée de Sunjata, texte monument de la tradition orale, que la "?charte du Manden?", parfois présentée comme la première déclaration des droits humains. Il est évoqué dans plusieurs des "?manuscrits de Tombouctou?" rédigés au XVIIe?siècle. Au milieu du XIVe, Ibn Battuta aurait séjourné dans la capitale du sultanat, relatant son voyage dans sa fameuse
Rihla. Quelques décennies plus tôt, en 1323-1325, son chef Mansa Musa avait défrayé la chronique des savants mamelouks lors de son pèlerinage vers La?Mecque
via Le?Caire. C'est alors, sans doute, que nous sommes au plus proche du Mali médiéval.
À défaut de sources internes, ce pôle majeur de l'Afrique au Moyen Âge n'est en effet accessible qu'au travers de ces regards portés sur lui au fil du temps. D'où la nécessité d'une archéologie du savoir, à même de démêler et de comprendre les multiples transformations des manières d'appréhender le Mali, du XIVe?siècle à nos jours. C'est à cette ambitieuse entreprise qu'est consacré cet ouvrage qui, de manière régressive, restitue les métamorphoses des représentations du Mali, pour mieux éclairer ce qu'il est possible de connaître de son histoire.
Préface de Bertrand Hirsch