" Nous n'avons qu'un seul Dieu ! Et nous n'y croyons pas ! " ; " Dieu n'existe pas...
" Nous n'avons qu'un seul Dieu ! Et nous n'y croyons pas !?" ; "?Dieu n'existe pas... et nous sommes son peuple élu !?" : l'humour juif donne ici un modèle pour penser la confusion qui règne en France autour de la notion de judéité littéraire. Car la littérature juive de langue française n'existe pas, et ce livre va vous en parler.
Encore faut-il s'entendre : un écrivain juif de langue française est un écrivain dont la judéité produit des effets dans le champ littéraire francophone. À l'image de sa judéité civique que le citoyen juif négocie dans l'espace politique, la judéité littéraire est confrontée à un large spectre de possibilités, dont le camouflage et l'ostentation constituent les deux extrémités.
En explorant de façon lumineuse et délicate les œuvres
d'Albert Cohen et d'Elsa Triolet, d'Anna Langfus et de Bernard Frank,
de Romain Gary, Georges Perec, Patrick Modiano, Serge Doubrovsky
ou Nathalie Azoulai, cette enquête met en évidence l'empreinte profonde de la littérature juive de langue française sur des formes d'écriture (l'autobiographie) ou des événements de la vie littéraire
(les prix Goncourt). Importance de la mémoire, centralité de
la Shoah, poids des discriminations, phénomènes d'appropriation et
de réappropriation culturelle, de symbiose et de séparatisme : en elle
se résument les enjeux et les thèmes essentiels de notre modernité.