La peur est indissociable de notre manière d’expérimenter le monde, et elle détermine notre manière de voir. Processus à la fois cognitif et opérateur de choix décisionnels soumis aux normes sociales en vigueur, la peur n’est pourtant ni sémantiquement définie ni linguistiquement formée. Elle a besoin d’un complément qui l’ancre dans l’expérience : peur des dieux ou de Dieu, du pouvoir, de l’autre, de la guerre, de la mort, etc. L’ouvrage étudie les manières de nommer la peur, de la verbaliser, de la comprendre, de l’interpréter ; les manières de la somatiser, de la rêver, de la mettre en gestes, de la visualiser dans l’art et de la matérialiser dans des objets. À travers l’étude de la peur, de ses mécanismes mais aussi de ses usages sociaux et politiques, c’est toute une histoire des émotions qui est ici esquissée au sein des mondes de langue grecque, de l’Antiquité au xixe siècle. C’est aussi une histoire des sociétés concernées car, à travers la peur, se joue leur rapport au divin, aux autorités, aux ennemis, aux proches, aux étrangers et aux compatriotes, à soi-même enfin.