Comme des milliers de braves des armées tricolores entre 1792 et 1815, Théophile-Malo Corret de La Tour d’Auvergne est mort au champ d’honneur. Mais « premier grenadier des armées de la République », il fit partie de ceux qui se virent décerner la qualité de héros. Réputé comme savant et admiré pour ses vertus de son vivant même, il n’était pas, c’est vrai, un soldat commun. Ce livre ne consiste pas en une biographie du célébré. Son objet est sa célébration même, depuis la Révolution française jusqu’à la Grande Guerre. Pour cela, parmi les outils fournis par les sciences sociales il manie plus spécialement celui de l’admiration. Ainsi nous comprenons pourquoi la gloire du « petit héros » La Tour d’Auvergne n’a cessé de grandir durant tout le xixe siècle. Héros célébré par la « grande patrie », comme par sa « petite patrie », et par son régiment, La Tour d’Auvergne est aussi un cas à partir duquel la construction nationale à l’œuvre peut se voir et se comprendre. Ce cas permet également de décrire le phénomène social de l’admiration, si prégnant que la société dans laquelle il se développa est ici qualifiée de « société d’admiration ». La Tour d’Auvergne est aujourd’hui bien oublié. L’ouvrage cherche donc enfin à comprendre comment et pourquoi l’admiration pour les héros s’est amoindrie, a cessé, voire a transformé certains modèles d’hier en repoussoirs à déboulonner.