En 1821, au lendemain de la proclamation d’Indépendance du Pérou, San Martín déclarait que ceux que l’on appelait « Indiens » à l’époque coloniale espagnole ne devaient plus être désignés que comme « Péruviens » car ils devenaient citoyens au même titre que les Blancs et les métis. Quelques décennies plus tard, la guerre du Pacifique (1879-1883), véritable désastre pour le Pérou, fut cependant interprétée comme la preuve de l’échec de l’intégration nationale, générant de nouveaux débats sur la place des Indiens dans la société péruvienne. Cet ouvrage analyse la façon dont furent perçues les populations autochtones andines par les élites créoles entre 1821 et 1879, période charnière, et pourtant peu connue, entre la pensée coloniale et les courants indigénistes de la fin du xixe et du début du xxe siècle. Il propose une histoire culturelle des représentations à partir de la législation, des discours politiques, de la presse, de divers essais, d’œuvres littéraires et de l’iconographie. Ces sources révèlent toute l’ambiguïté de ces discours et visent à mieux comprendre les fondements de la nation péruvienne encore aujourd’hui.