Quels types de sociétés et d’organisations du territoire ont-ils précédé l’État en Europe de l’Antiquité au xxe siècle ? Cet ouvrage s’efforce de répondre à cette question en s’appuyant sur des exemples précis et en utilisant des comparaisons extérieures à l’Europe. De petites unités territoriales, en général gérées par groupes de parenté (tribus et clans) ou des associations de voisinage, dans lesquelles des hommes libres, propriétaires et guerriers représentaient la majorité de la population, semblent avoir constitué un type fréquent. Des différences sociales plus ou moins importantes existaient entre ces derniers, mais des formes de démocratie primitive se rencontraient aussi, et la vengeance par le sang était un droit souvent reconnu aux membres de ces groupes. L’acquisition du monopole de la violence dite « légitime » par les États fut un aspect important de la transformation de ces sociétés, qui se traduisit aussi par des transformations dans les territoires. Mais des éléments de ces formes anciennes d’organisation de la société et du territoire subsistèrent parfois longtemps dans des États déjà organisés. Cet essai met aussi en perspective certains points de vue récents sur la classification des sociétés et leur évolution, et contribue au débat actuel sur les fondements de l’identité européenne.