La Libération est marquée par une très forte inquiétude des pouvoirs publics face à la délinquance juvénile et, plus largement, face à la jeunesse en difficulté ; elle révèle ainsi les fortes perturbations, voire les traumatismes subis au cours de la Seconde Guerre mondiale. Cette prise de conscience se traduit par un appareil législatif affirmant la primauté des conceptions éducatives sur les principes répressifs. Faute de moyens financiers notamment, l’État s’appuie au niveau national sur le secteur privé, disposant traditionnellement d’une certaine expérience dans le domaine et de réseaux prompts à soutenir ces œuvres. Or, la Seine-Inférieure, fortement ébranlée par les séquelles de la guerre, souffre, de surcroît, d’un équipement très insuffisant pour affronter les besoins en matière de prise en charge des mineurs délinquants et en danger. Toutefois, le milieu associatif réussit à rattraper son retard avec l’aide, en particulier, de personnalités locales dont le rôle est déterminant au sein des conseils d’administration. Tout au long de cette période, les établissements spécialisés affinent leurs méthodes et leurs projets pédagogiques grâce aux progrès de la formation des éducateurs et en s’ouvrant aux autres spécialistes de l’enfance. Dès les années 1970, l’évolution du profil des pensionnaires et les critiques qui se développent à l’encontre de l’hébergement classique, ainsi que le climat de restriction budgétaire mais aussi de décentralisation modifient de fait les rapports entre l’État et le secteur privé dont les caractéristiques ont désormais peu à voir avec les premières années d’expérimentation.