Dans l'historiographie comme dans la mémoire nationale, une idée prédomine : la royauté serait morte en France avec Louis XVI, ce régicide étant l'aboutissement d'un processus inéluctable de désacralisation de la royauté. Pourtant, le XIXe siècle français voit se succéder Premier Empire, monarchies constitutionnelles des Bourbons de la branche aînée puis de la branche cadette, Second Empire, jusqu'à ce que l'espoir d'une restauration monarchique s'évanouisse pour la dernière fois pendant les premières années de la IIIe République. On assiste donc pendant toute cette période à des réinventions successives de la monarchie, résultats d'un compromis souvent malaisé entre tradition et innovation. Réinventer la monarchie, c'est avant tout repenser la place du monarque dans le régime, autrement dit redéfinir la royauté. C'est à cette royauté – « la dignité de roi » d'après la définition du Dictionnaire de l'Académie depuis 1692 – que le présent ouvrage est consacré. Dans le cadre d'une histoire politique enrichie notamment par les apports de l'histoire culturelle, le volume rassemble des articles dont l'ambition est de contribuer au renouveau actuel de l'histoire de la France du XIXe siècle. Ils explorent tour à tour les mécanismes du pouvoir royal, sa représentation, ses modes de légitimation et la réception de l'image des régimes, ainsi que la question de l'intégration des femmes – qu'elles soient épouses, mères ou sœurs – dans les royautés de la période.