Quercy et Toulousain constituent, du Xe au début du XIIIe siècle, des enjeux majeurs opposant les plus grands de ce monde. L’historiographie ne parle-t-elle pas, pour le XIIe siècle, de Guerre de Cent Ans méridionale, à l’origine de bien des crispations ? De 930 à 1214, les luttes entre princes désorganisent à plusieurs reprises les réseaux aristocratiques. L’action de l’Église, surtout une fois lancée la réforme grégorienne, perturbe elle aussi la nature et les formes du pouvoir aristocratique. Au sein de ces réseaux, les membres des strates moyennes et inférieures sont assez remarquablement éclairés par les actes locaux, pour la plupart inédits et élaborés en milieu monastique. À travers l’étude de quatre types de comportements – désigner, s’allier, manifester sa foi, dominer – l’auteur montre quelles formes d’adaptation ces aristocrates ont dû mettre au point pour maintenir leur domination sur les paysans face à un pouvoir comtal toujours présent et à une Église revendiquant une part toujours plus importante du pouvoir. La faible envergure de la plupart de ces aristocrates permet au comte et aux établissements religieux de prendre en charge, surtout après 1130, la fondation de très nombreux castelnaux et villes neuves. Face à ces deux pouvoirs, les aristocrates mettent en œuvre des stratégies d’affirmation de leur autorité – comme s’imposer spatialement en multipliant l’implantation de serfs sur des écarts ou inventer de nouveaux prélèvements après la perte des dîmes – mais aussi de contournement des difficultés – tels les interdits matrimoniaux non respectés pour éviter l’émiettement du patrimoine dans un espace où existe un partage égalitaire. Retraçant des parcours parfois contradictoires au sein d’une même lignée et dévoilant le rôle et la place des femmes, l’ouvrage met en exergue le poids de la foi mais plus encore la variété des types d’alliance dans des sociétés méridionales où les rapports sociaux deviennent, au cours de la période, très étroitement soumis au contrôle de l’espace.