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grande couv
Gens de mer
Guerber Éric, Gérard Le Bouëdec
Editeur: Presses universitaires de Rennes
9,49 €

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L'originalité de ce livre est de proposer sur le temps long, de l'Antiquité à la fin du XVIIIe siècle, une étude de la place occupée par le monde de la mer dans le jeu politique des cités portuaires. À l'époque romaine, les capitaines, les armateurs, les négociants maritimes possédant une certaine richesse étaient-ils inscrits dans les sénats locaux ? Quel était leur rôle dans la vie civique ? Aux époques médiévale et moderne la problématique évolue : ville-État ou détenant une large autonomie, simple ville portuaire, les enjeux sont différents : contrôler l'État ou dominer l'économie locale en s'assurant le pouvoir municipal qui maîtrise l'administration des activités portuaires, s'assurer la prééminence politique. Pourtant la communauté professionnelle maritime se stratifie et éclate socialement et politiquement. Le temps des officiers qui pouvaient porter l'un des leurs au pouvoir laisse la place à une communauté de navigants de plus en plus exclue du jeu politique par une élite de brasseurs d'affaires maritimes qui s'accapare l'État dans les villes italiennes ou dans les villes de l'Europe septentrionale, sans éliminer toute contestation du monde des métiers ou d'un État central qui s'affirme, réduisant bientôt sa sphère d'intervention. Or, à l'époque du négoce triomphant, elle doit aussi tenir compte du rapport de force avec le monde de l'office et de la noblesse qui n'est pas insensible aux réussites que procurent les activités maritimes, l'attractivité n'étant pas à sens unique. L'ouvrage analyse tout autant les logiques qui expliquent la fermeture des conseils municipaux aux gens de mer que celles qui, au contraire, sont favorables à l'entrée des marchands dans la société politique locale. Il souligne la participation des notables et des aristocrates à la vie maritime et tente de rendre tangible le poids exercé par des puissances extérieures sur la gouvernance municipale. La question de l'intégration des gens de mer dans les instances politiques de leur ville dévoile des structures politiques sous-jacentes variées. À l'attitude fermée des élites dans le monde romain, les temps médiévaux et modernes semblent proposer des choix plus diversifiés – ainsi l'accession des élites maritimes à la tête de l'État génois et des grands ports de la Baltique et sa transformation pour une part en noblesse militaire, ou la rotation des élites et des offices encouragée par l'État moderne en France.