Issu de la riche bourgeoisie des lendemains de la Révolution, dans un milieu éloigné de la religion, le jeune Charles Gay est avant tout un esthète brillant, qui fréquente à Paris les milieux littéraires et les musiciens, parmi lesquels son meilleur ami, Charles Gounod. Converti au sortir de l’adolescence, notamment par le biais du père Lacordaire, il s’oriente vers la prêtrise et met alors ses talents au service de sa foi. Ordonné en 1845, c’est par la prédication, la direction de carmels et la rédaction d’œuvres spirituelles d’une grande profondeur qu’il exprime désormais les facettes de sa sensibilité. Appelé auprès du cardinal Pie à Poitiers comme vicaire général et chanoine, il devient en 1877 évêque auxiliaire ; écarté après la mort de son protecteur, il meurt à Paris en 1892, après avoir acquis la réputation de « plus grand mystique du xixe siècle » (E. Lecanuet). L'œuvre abondante de Mr Gay influence la pensée catholique jusqu’au milieu du xxe siècle et constitue une étape majeure dans l’histoire de la spiritualité française, après François de Sales et avant Thérèse de l’Enfant-Jésus.