Conçue au lendemain de la Première Guerre mondiale pour répondre aux besoins de logements étudiants à Paris, et pour satisfaire aux critères de construction hygiénistes du tournant du siècle, la Cité internationale universitaire de Paris accueille entre-deux-guerres jusqu'à 2 400 étudiants par an, d'une trentaine de nationalités. Investie dès l'origine par les pouvoirs publics français d'une double mission, elle a vocation à attirer en France les flux d'étudiants en mobilité que se disputent alors les capitales européennes, et à faire germer, en amont de la récente Société des Nations, les graines du pacifisme genevois et de la coopération au sein de l'élite d'une jeunesse mondiale en formation. Mais l'ensemble de ses acteurs français et étrangers (universitaires et étudiants, parlementaires et diplomates, mécènes et philanthropes, architectes) n'y projette pas les mêmes ambitions ni les mêmes desseins. À travers l'étude croisée des discours et pratiques de ces acteurs multiples, rapportés à leurs itinéraires et à leurs positions sociales, et par la restitution de moments-clés de consensus affichés ou de dissonances, le présent ouvrage, issu d'un colloque international, dresse le bilan des travaux existants et, à partir de nouvelles sources, entend ouvrir des perspectives de recherche. Consacré aux premières décennies d'existence d'une institution aujourd'hui presque centenaire, il invite à considérer cet objet complexe comme un espace social transnational, marqué par les tensions qui courent de sa fondation au début des années 1950, entre logiques impériales et nationales, et logiques internationalistes.