Les terres de la façade atlantique, des franges méridionales de la frontière pyrénéenne aux bordures maritimes de la Manche, sont au début de la Cinquième République marquées à droite. Le gaullisme trouvera dans ces six régions du grand Ouest atlantique (Aquitaine, Poitou-Charentes, Pays de la Loire, Bretagne, Basse-Normandie et Haute-Normandie) un ancrage électoral majoritaire pendant les premières législatures (1958-1981). En outre, ces régions accueillent de grandes figures du mouvement gaulliste : Olivier Guichard, Jacques Chaban-Delmas, Jean Foyer, Yvon Bourges, Robert Boulin, Vincent Ansquer, Robert Buron, etc., autant de personnalités, souvent ministres, grands élus locaux, qui ont pu, durant les vingt premières années du régime, jouer un rôle central dans la vie politique tant locale que nationale. Cet ouvrage cherche à mieux cerner, par une analyse d’histoire électorale, la profondeur de cet ancrage politique. Les auteurs se sont interrogés sur l’implantation et la durabilité du gaullisme dans ces régions plutôt attachées en 1958 aux cultures politiques de droite, à une époque où leur hégémonie dans le pays est peu contestée par une gauche affaiblie et qui ne se recomposera qu’au cœur des années 1970. Les conclusions montrent que le gaullisme y pénètre de façon inégale et ne peut empêcher le basculement à gauche de la Bretagne, ou de certains départements, notamment dans les deux régions les plus méridionales. Son implantation y est donc partielle, parfois de circonstances. La France de l’Ouest en 1981 n’est plus une terre de droite, elle y conserve des bastions, mais elle connaît un rééquilibrage politique durable, que les auteurs cherchent ici à comprendre et à expliquer.