La révolution est au cœur de très nombreuses pièces et mises en scène, en France, en Allemagne, en URSS et ailleurs, du XVIe au XXe siècle. Si celles-ci se concentrent souvent sur la révolution française et la révolution bolchevique, elles n'en négligent pas pour autant d'autres épisodes révolutionnaires. Une telle richesse impose de questionner les modalités spécifiques, mises en œuvre par le théâtre face à cet événement si particulier. Lorsque les écrivains se saisissent de l'histoire, dans quelle mesure participent-ils à la construction ou la « déconstruction » de mythes ? En outre, le théâtre est le lieu privilégié de rencontres démultipliées : celle, comme pour tout texte écrit, entre le temps de l'action (historique) et le temps de la narration, mais aussi – et c'est la spécificité du théâtre – celle entre le temps de l'auteur et le temps du metteur en scène, le temps des acteurs et le temps du public. Le théâtre est le lieu du dialogue, de la confrontation, voire du choc entre les époques et les imaginaires, les désirs et les angoisses, les expériences et les échecs. Le présent ouvrage se veut un espace de réflexion aussi bien sur les écritures théâtrales de la révolution que sur les révolutions au théâtre, que ces écritures rendent nécessaires et souvent anticipent. Au fil des contributions, le théâtre se dévoile dans ses multiples formes et les diverses fonctions qu'il est susceptible de s'attribuer : fonction militante ou didactique, mais aussi informative et documentaire. Au travers des différents points de vue, une constante demeure : une certaine nostalgie et un rêve éternel de révolution, accroché – peut-être ? – à la croyance en un progrès possible de l'humanité.