À partir de Belle de Jour en 1967, Luis Buñuel quitta définitivement le cinéma mexicain pour tourner en France et, parfois, en Espagne. L’étude de ce film et des cinq autres qui suivirent – La voie lactée (1969), Tristana (1970), Le charme discret de la bourgeoisie (1972), Le fantôme de la liberté (1974), Cet obscur objet du désir (1977) –, comparés aux premiers opus surréalistes et aux œuvres mexicaines, permet de voir comment les lieux et les conditions de production ont déterminé l’expression artistique du cinéaste. Parmi les caractéristiques uniques qui justifient la constitution du corpus, ces films manifestent une écriture aux nombreuses références intertextuelles qui situent la poétique buñuelienne entre culture française et culture espagnole, et qui, associées à des rêves et d’autres récits secondaires, constituent des espaces filmiques complexes et paraissent proposer au spectateur de rechercher une vérité à tout jamais insaisissable. Les aspects testamentaires de ces dernières œuvres sont une autre caractéristique. Au-delà d’une simple position rétrospective et syncrétique qui apprécie ces films par rapport à l’ensemble de la filmographie, cette composante testamentaire, mise en relation avec les autres particularités de la période, semble bien indiquer l’aboutissement d’une pensée cinématographique.