La subjectivité, au sens premier, est une catégorie ontologique. John R. Searle l'illustre par le mal de de dos en tant qu'il est ressenti par quelqu'un. Le film n'a pas mal au dos... Il ne souffre pas, il n'a pas de conscience. Pourtant, il représente de multiples façons la subjectivité, celle des personnages ou de son auteur, et le spectateur peut en faire l'expérience. Ce livre, considérant le cinéma à l'égard des registres divers de la subjectivité (en son sens philosophique) et des propriétés spécifiques du film, propose de considérer les signes filmiques qui suggèrent au spectateur un travail de la subjectivité. Il propose aussi de cheminer de l'extérieur vers l'intérieur, du choc premier de la subjectivité avec le monde vers les mondes imaginés, plus ou moins oniriques, et l'expression personnelle d'un auteur, en passant par la représentation du ressenti interne, du sentiment, et par l'hallucination. Il s'agit d'égrener les figures de la subjectivité filmique, mais aussi de caractériser, à l'occasion de leur analyse et de leur taxinomie, une théorie de la manière dont la subjectivité, en participant du film, lui confère le statut d'une forme.