-FR-
grande couv
Le Demos et la Cité
Henri Fernoux
Editeur: Presses universitaires de Rennes
11,99 €

Acheter ce livre

À l'époque impériale (Ier-IIIe siècle apr. J.-C.), les cités grecques d'Asie Mineure continuèrent de fonctionner au plan politique et institutionnel suivant des normes qu'elles jugeaient elles-mêmes naturellement « démocratiques ». Par là elles entendaient qu'elles se géraient toujours de manière autonome suivant des règles traditionnelles inchangées, et la communauté des citoyens qui les constituait chacune réunissait encore des hommes libres qui servaient les intérêts de leur petite patrie. Quelle place et quel rôle le demos joua-t-il dans un tel paysage ? Les notables, dont une grande partie des études actuelles s'est attachée à analyser les comportements et les desseins politiques, n'ont cessé depuis le courant du IIe siècle av. J.-C. d'affermir leurs positions dans la cité au point d'en apparaître les dirigeants naturels. Quel besoin avaient-ils dès lors d'un demos, qui pouvait constituer un obstacle à leur prépondérance ? En dépit de leurs visées dominatrices, les notables continuaient à vrai dire de vivre dans un univers limité et clos, la polis, dont la logique de fonctionnement demeurait fondamentalement communautaire. Le demos en constituait l'élément central, en tant qu'il désignait toujours à la fois cette communauté civique, dont les notables comme les citoyens de base étaient partie prenante, et l'assemblée populaire qui en était l'émanation naturelle. Il incarnait de manière éminente la cité et y nourrissait les discours littéraires et politiques des notables, qui n'avaient souvent pas de mots assez durs pour en dénoncer les travers ; un discours souvent comminatoire, mais aussi un aveu, celui de devoir composer avec un acteur essentiel. Les sources (épigraphiques, littéraires, archéologiques, numismatiques), reprises dans leur ensemble, modifient notre regard sur une réalité et une institution incontournables. Le demos restait encore au IIIe s. apr. J.-C. cet acteur essentiel dont les notables devaient maîtriser l'opinion pour promouvoir leurs desseins politiques. Encore à l'époque sévérienne on continuait de se réunir au théâtre, lieu de la politique par excellence, pour y débattre selon des procédures rigoureuses.