Au début du siècle dernier, le sultan du Maroc vient de signer un traité qui place désormais son pays sous le protectorat de la France (30 mars 1912). À l’ombre du maréchal Lyautey, un sultan de substitution, totalement soumis aux nouveaux maîtres français, a été proclamé. Cependant, nombreux sont ceux qui, au Maroc, refusent le fait accompli et se révoltent face à la mainmise étrangère sur le pays. Ainsi, dans le Sud marocain, Moulay Ahmed el Hiba, fils d’un marabout ouest-saharien (Ma el Aïnin), se fait proclamer sultan du Jihad en 1912 ; une première fois à Tiznit, la seconde à Marrakech. Ces événements ont donné naissance à un mouvement qui pendant plus de vingt ans (1912-1934) symbolisera pour ces populations berbères et ouest-sahariennes la résistance à l’avancée inéluctable des troupes coloniales françaises et espagnoles. Fondée sur une analyse croisée d’archives inédites, aussi bien françaises que marocaines, l’auteur fait la lumière sur un événement fondateur de la conquête coloniale du Maroc. Mythifiée, récupérée ou occultée, la figure fondatrice du mouvement hibiste est encore aujourd’hui le sujet d’un conflit mémoriel ayant pour objet l’Ouest saharien.