Aux Etats-Unis plus manifestement encore qu’en Europe, « aller au cinéma » a recouvert des réalités extraordinairement diverses. « Aller au cinéma », en 1902, dans un Hale’s Tours and Scenes of the World n’a rien à voir avec « aller au cinéma » dans un nickelodeon de 1908 ou dans un picture palace de 1925. « Aller au cinéma » dans les années de la Dépression, quand se généralisent les doubles programmes, les primes de fidélité et les loteries, et quand les chômeurs viennent dormir, sinon rêver, aux interminables séances des cinémas de quartier, est sans rapport avec « aller au cinéma » dans un drive in des années cinquante. Les grands écrans et autres technologies des années cinquante, ajoutés aux mutations du public de l’après-guerre, transforment en profondeur l’expérience cinématographique, autant qu’aujourd’hui l’explosion des nouveaux médias de l’image. Et beaucoup de caractères du cinéma hollywoodien restent inexplicables dans l’ignorance des conditions de son exploitation. Les auteurs de cet ouvrage, économistes, sociologues, historiens du cinéma, américanistes ou critiques, s’attachent, selon leur discipline propre, à faire valoir cette diversité, et à décrire et analyser ce secteur de l’industrie cinématographique encore trop délaissé par la recherche.