À la suite de la bataille d’Actium, Auguste est parvenu à fonder un régime politique durable, communément appelé principat, dont la nature continue à faire débat. L’apparition au début des années 20 av. J.-C. du thème de la Res publica restituta, à la fois slogan et programme politique qui faisaient d’Auguste le restaurateur de l’État romain, n’est pas le moindre des paradoxes. Si l’historiographie reste sensible aux ruptures qui résultaient de la mainmise sur l’État d’un seul homme et de sa famille, il y a place également pour une étude des continuités que le nouveau régime n’a cessé de mettre en avant à ses débuts. Les organisateurs du colloque de Nantes, Fr. Hurlet et B. Mineo, ont rassemblé une équipe internationale d’une vingtaine de chercheurs pour susciter un échange de points de vue sur le sujet entre littéraires, historiens, historiens de l’art et archéologues. Les auteurs augustéens – historien comme Tite-Live, poètes comme Virgile, Horace ou Ovide – ont été l’objet d’une attention particulière à travers l’étude de leur perception du nouveau régime et de la nature de leurs relations avec le prince ; l’enquête a été étendue aux auteurs postérieurs à Auguste qui ont traité de la naissance du principat (Tacite et Dion Cassius). Les épigraphistes et les numismates ont analysé la manière dont le nouveau régime cherchait à se présenter sur les inscriptions et les monnaies afin de mieux saisir toutes les subtilités du discours officiel. La mise en forme des pouvoirs impériaux et l’attitude de l’aristocratie au moment de la mise en place du principat ont fait également l’objet d’études spécifiques. Ont été prises en compte les images liées au nouveau pouvoir – monuments, demeure d’Auguste sur le Palatin, statues, reliefs, cérémonies religieuses – comme support matériel de l’idéologie impériale. Un tel faisceau de points de vue permet de mieux se représenter dans toute leur complexité les fondements du principat augustéen à sa naissance.