Le découpage en plans, qui est considéré aujourd’hui comme le fondement de l’art cinématographique, en est paradoxalement l’un des éléments les moins étudiés. Alors que le montage a focalisé depuis longtemps l’attention des théoriciens du cinéma, et que l’histoire et la pratique en ont été amplement interrogées, on s’est rarement penché sur la question du découpage. Sauf à le considérer précisément comme le repoussoir figé de cette opération nettement plus créative que serait le montage. Ainsi on l’associe la plupart du temps au cinéma classique, sans lui accorder d’ailleurs plus d’importance que cela dans le geste poïétique, alors que le montage est associé à une certaine modernité du cinéma, à l’intérieur de laquelle il est identifié comme l’un des ressorts créatifs majeurs. Quelle a été la pratique du découpage, son lien avec le scénario, avec la mise en scène, avec le montage ? Quelle part peut-on lui attribuer dans la construction du film, et dans quelles cinématographies ? Quelle est la persistance actuelle du découpage, et sous quelle forme ? Telles sont les questions auxquelles essaie de répondre cet ouvrage. Histoire du cinéma, histoire des théories, esthétique, histoire des formes et histoire culturelle sont ici convoquées afin d’interroger et de reconstruire cette notion dont la délimitation même (pour ne pas parler de définition) demande à être reconsidérée.