Décors tourmentés, perspectives dépravées, expressivité des corps d’acteurs, jeux d’ombre et de lumière, sensations de fi n du monde... Pourquoi cet expressionnisme-là, celui du Cabinet du docteur Caligari, est-il resté si célèbre ? Mais pourquoi ce même expressionnisme ne peut-il établir aussi une liste immuable des films qui le composent, pourquoi doit-il toujours prouver sa validité, suspecté dès l’origine de n’exister que par abus de langage ? Cet ouvrage suppose l’inverse : non qu’une définition du phénomène soit aisée ou même possible (il existe toute une histoire, racontée ici, de cette aventure intellectuelle), mais que ce « mouvement » ou ce moment si contesté a joui d’une forme de postérité qui le prouve presque en retour. D’Orson Welles à Tim Burton, de Maya Deren à Kenneth Anger, de Blade Runner à David Lynch pour ne citer que quelques noms d’un seul continent, le cinéma expressionniste s’avère paradoxalement une des grandes virtualités accomplies du cinématographe. Depuis son origine jusqu’à aujourd’hui, il pose des questions d’esthétique, d’histoire, des questions qui dévoilent tout un pan du 7e art.