Objet composite, situé aux marges du film et destiné à transmettre au spectateur une série d'informations concernant sa fabrication, le générique peut sembler ne présenter qu'un intérêt secondaire à qui se donne pour tâche d'étudier le fonctionnement du septième art. Pourtant, sa marginalité même, qui le délie des contraintes du récit et l'arrache en partie à l'emprise de la fiction, son caractère hybride, fondé sur la rencontre entre écrit et image, en font un lieu de production de formes singulières, susceptibles à leur tour de déterminer un mode singulier de circulation du sens. C'est ce régime plastique et sémantique spécifique qu'on s'est attaché ici à décrire, en faisant appel à la notion de « figure », qui renvoie, via l'usage qu'en font, respectivement, J.-F. Lyotard et G. Didi-Huberman, aux relations privilégiées nouées chez Freud entre l'image et la pensée inconsciente, en particulier dans la rhétorique du rêve. L'ambition de ce livre est donc double : il se propose à la fois de mettre en valeur l'inventivité propre au générique au sein de l'œuvre filmique, et d'évaluer dans ce cadre, à partir d'un travail précis de relecture et de définition, la pertinence du concept de figure dans l'étude des ressorts de la production du sens et de l'émotion au cinéma.