Depuis deux décennies, les savoirs économiques, leurs modalités de production, de légitimation, de circulation et d’intervention dans l’élaboration et la justification de politiques publiques font l’objet d’un nombre grandissant de travaux en histoire, sociologie et science politique. En interrogeant l’organisation et le rôle des « économistes » au sens large, plusieurs approches suggèrent des voies d’articulation entre l’histoire interne des outils d’analyse économique, et l’histoire externe, sociale et politique de la discipline et de l’expertise économique. À ce mouvement, s’ajoutent des contributions d’historiens de la pensée économique et d’économistes institutionnalistes ouverts aux ressources conceptuelles et méthodologiques d’autres disciplines. Ce dossier de la RFSE accompagne ce croisement de perspectives en vue d’approfondir la connaissance des transformations intervenues en matière de circulation de savoirs économiques depuis la mise en place d’institutions structurantes après-guerre jusqu’à nos jours. Il présente différents travaux empiriques qui analysent l’institutionnalisation d’espaces de production d’instruments et de connaissances économiques, et l’intervention de ces produits dans l’élaboration de politiques publiques. Plus généralement, ce numéro interroge à la fois la production et les usages des savoirs économiques en lien avec l’action publique, et les logiques qui président à la formation et la sélection des acteurs autorisés à produire des diagnostics, et à conseiller en matière de politique économique. Le dossier offre ainsi des éléments de réponse aux questions suivantes : comment évoluent les institutions et les modalités d’intervention politique de l’économie-discipline ? Que font les savoirs économiques à l’État et aux politiques publiques ? Que font, en retour, ces mobilisations politiques effectives au champ des économistes et aux savoirs eux-mêmes ?