Aux balbutiements de la biologie, Descartes et Kant ont compris la vie par analogie avec la technique, toutes les deux étant des activités de création de formes ou d’organisation de la matière. La vie technique, c’est donc à la fois la vie biologique dans son mouvement évolutif, et la technique en tant que fonction biologique, résultat de la relation entre le vivant et son milieu. À partir de cette intuition, Bergson a esquissé une véritable philosophie biologique de la technique, prolongée par des auteurs tels que Leroi-Gourhan, Canguilhem ou Simondon. Ce livre vise à réactiver cette ligne de pensée, trop rapidement oubliée par la philosophie des techniques contemporaine, mais qui peut s’avérer féconde dans la compréhension des enjeux éthiques et épistémologiques des phénomènes croissants d’interaction et d’hybridation entre le vivant et le technique.