Le traitement de ce que le XVIIIe siècle comprenait sous le terme de cancer a mobilisé des catégories très diverses d’acteurs de la santé. On considère les relations qu’entretiennent avec le monde de la médecine « académique » ou « professionnelle » des promoteurs de remèdes suspects de « charlatanisme ». L’étude des concurrences opposant différentes catégories de soignants – médecins, chirurgiens, empiriques, auteurs de « remèdes à secret », guérisseurs – donne lieu à un essai de classification des organes affectés de « tumeurs » : sein, utérus, sexe masculin, foie, etc. Une galerie des thérapeutes les plus répandus ou les plus contestés fait apparaître la mécanique d’un marché où entrent en jeu stratégies de crédibilité, organisation de réseaux, « batailles des gazettes », exploitation des tendances culturelles du moment (retour à la nature, mesmérisme), etc. L’écart entre l’arsenal médical des empiriques et de nouveaux traitements de la maladie se creuse à l’approche de la Révolution à travers une mutation empruntant ses découvertes à la chimie, à l’électricité, à l’expérimentation animale ou collective, à l’anatomo-pathologie ou aux plantes du Nouveau Monde.