La ville est actuellement une question vive. La bande dessinée s’en est emparée depuis longtemps. Pour autant, l’analyse de ses représentations bédéiques reste encore largement à investir et ce livre collectif ne sera qu’une pierre à un édifice qu’il faudra encore largement enrichir. La ville est un « objet » complexe, ou plutôt un complexe d’objets qui ne relèvent pas forcément de l’évidence : la bande dessinée, justement, en offre, si on accepte de la regarder avec attention, des objets inattendus comme l’incommunication ou un rayon lumineux, par exemple. Ce qui signifie aussi que ce livre porte moins sur la représentation de la ville en bande dessinée qu’il ne s’interroge sur leur relation. Parce que la bande dessinée peut, à sa manière, documenter la ville ou intervenir dans le processus même de sa production. Parce que, lorsqu’elle met en scène la ville, elle ne manque pas de questionner, sur un mode théorique, le statut de la ville dans un récit de bande dessinée : est-ce un simple décor, ou bien tout autre chose ? À quoi sert-elle dans la dynamique narrative ? Quel rôle joue-t-elle ? Parce que ville et bande dessinée peuvent partager la question de la marge ou de la fenêtre et nouer un dialogue à ce sujet. Il se dégage, dès lors, deux grandes logiques dans ces approches : l’une qui explore plutôt l’urbain comme un jeu de cadres et l’autre qui explore plutôt les interstices, le presque rien et le décalage.