La Dissertation sur les sonnets pour la belle matineuse de Gilles Ménage, dont on propose ici la première édition critique, est le commentaire d’un regroupement de poèmes liés par leur motif central, celui de la « belle matineuse ». L’auteur propose une lecture méthodique de ces textes (ou, parfois, extraits de textes) de l’Antiquité au XVIIe siècle dans lesquels le sujet lyrique dit son éblouissement au petit matin devant une jeune femme dont il célèbre la splendeur qui éclipse l’éclat du soleil et les beautés de l’aurore. Éminent grammairien et philologue, Ménage propose un parcours historique qui se veut à la fois érudit et agréable au lecteur : il y déploie toutes ses compétences de lettré introduit dans les milieux mondains, toute la connaissance d’un savant qui savait se faire vulgarisateur dans l’art du commentaire. Un tel texte nous fait comprendre comment on lisait et écrivait de la poésie en France au XVIIe siècle, mais aussi comment on la commentait. On peut ainsi observer les mutations des observations linguistiques vers des appréciations qui introduisent le goût.