Le roman et le fait démocratique entretiennent une relation privilégiée. C’est là une idée couramment admise, que viennent étayer à la fois leur date de naissance commune et la capacité supposée du roman à faire de tout un chacun un héros ou une héroïne. Mais qu’en est-il à l’heure de la crise de la démocratie que nous connaissons aujourd’hui ? Elle donne à penser que roman et démocratie ont désormais aussi en commun de faire face à une crise profonde de la représentation qui engage tant la capacité à dire quelque chose du réel que la légitimité à revendiquer une position de représentant. Telle est l’hypothèse que veut explorer cet ouvrage. Portant à la fois sur la représentation de la crise démocratique telle qu’elle est racontée dans le roman contemporain et sur la crise du roman lui-même en tant que genre démocratique, cet essai fait le pari d’une homologie entre démocratie et roman : sans aller jusqu’à prêter à la littérature le pouvoir de résoudre tous les problèmes de la démocratie, il postule que l’exploration romanesque de la crise démocratique et les stratégies littéraires pour la surmonter peuvent ouvrir à la pensée et à l’expérience de nouvelles formes de vie démocratiques.