La première modernité constitue un âge d’or des conjurations. Celles-ci génèrent une ample littérature politique et ne cessent d’inspirer l’écriture de l’histoire. Les œuvres rassemblées dans ce volume en présentent trois déclinaisons différentes dans la seconde moitié du XVIIe siècle : La Conspiration de Wallenstein (1655) écrite par Jean-François Sarasin, La Conjuration des Espagnols contre la République de Venise (1674) de Saint-Réal et l’histoire secrète d’Eustache Le Noble intitulée De la conjuration des Pazzi contre les Médicis (1698). De façon chaque fois singulière, la matière des conjurations se prête ici à l’expérimentation formelle qui caractérise cette période décisive pour l'évolution des poétiques de l'histoire et du roman. Elle permet en effet de réfléchir à de nouvelles manières de concevoir la vraisemblance, de motiver les personnages, de toucher et d’intéresser le lecteur. Les lieux communs politiques et moraux du discours des conjurations sont ainsi exploités dans une perspective esthétique plus qu’idéologique. Pourtant, en sondant les secrets des princes et de la domination politique pour le plaisir du lecteur, les œuvres du volume contribuent aussi, avec le vaste ensemble d’une polygraphie historique alors en plein essor, à développer des modes d’analyse critique du pouvoir bientôt appelés à jouer un rôle déterminant au siècle des Lumières.