Pourquoi Baudelaire n’a-t-il cessé d’éprouver le besoin d’en découdre avec la pensée de Rousseau dans tous les moments charnières de son œuvre, depuis l’époque des Notes sur Edgar Poe jusqu’au projet de Mon Cœur mis à nu, en passant par de nombreux poèmes du Spleen de Paris et par les récits des Paradis artificiels ? Ce livre formule l’hypothèse que c’est dans l’explication persistante avec Rousseau que se joue dans l’œuvre baudelairienne une compréhension renouvelée des enjeux de la poésie moderne. Il montre Baudelaire aux prises avec ses contradictions dans sa critique obstinément conduite de la « bonté » originelle, défendue par son adversaire. Puis il lance le pari d’une nécessaire reprise « rousseauiste » de la poésie, inspirée paradoxalement par la lucidité du poète autant que par son désespoir.