Flaubert a souvent affirmé que, dans ses récits, le « dessus » n’est qu’un prétexte aux « calculs du dessous ». Considérer le texte, à partir de matériaux linguistiques, idéologiques, psychiques et culturels, comme le résultat d’un procès de production du sens, tel était le présupposé fécond du colloque de Cerisy, La production du sens chez Flaubert, tenu en 1974 et publié dans la collection « 10/18 ». Consommant la rupture avec la critique universitaire, les intervenants (parmi lesquels R. Debray-Genette, C. Duchet, Sh. Felman, F. Gaillard, H. Mitterand, J. Neefs, J. Ricardou, J. Seebacher, M. Sicard, S. Yeshua) ont proposé des lectures plurielles de l’œuvre de Flaubert, empruntant divers chemins ouverts par la nouvelle critique, à la pointe de la réflexion sur la littérature. Quarante ans après, ces témoignages d’une forte vitalité intellectuelle méritent d’être réédités. La vogue de la génétique textuelle, la résurrection de l’auteur, le désamour actuel de la théorie ont certes déplacé les perspectives. Pourtant, s’il y a bien un ton d’époque, les communications (suivies de débats) n’ont guère vieilli. Car en s’intéressant au travail de l’écriture, à l’engendrement des formes, au tissage des énoncés, à l’entrecroisement des significations, leurs auteurs ont posé des questions qui restent aujourd’hui ouvertes, comme en attente d’une relance…