Le début du xxe siècle marque l’entrée dans une nouvelle ère : celle de la technique. On se prend à rêver d’un homme nouveau, «?standardisé?», performant au travail, qu’il faut créer de toutes pièces. Dans les années 1920 et 1930, le montage participe de cette mission, dans les usines comme dans les cinémas, mais aussi dans les revues illustrées et la vie quotidienne. Le montage est conçu comme une alphabétisation visuelle, une technique applicable à la psychologie et aux médias, dont les camps politiques opposés se réclament. Taylorisme et fordisme, réflexologie, science du travail et psychotechnique sont autant de stratégies au service d’une nouvelle construction de l’homme et de la société, que ce soit aux États-Unis, en Europe ou dans la Russie soviétique. Oscillant entre utopie et dystopie, la vie s’élabore au sein d’un monde technique. L’homme-montage, dont l’histoire est ici retracée, a marqué le xxe siècle de façon décisive.