Il est difficile d’envisager une œuvre plus éclatée, plus ouverte, plus disparate, dans son contenu comme dans son expression, que Les Cantos d’Ezra Pound ; et pourtant cet ensemble est considéré comme le recueil poétique le plus important du XXe siècle. Rédigés entre 1915 et 1966, les poèmes qui le composent chantent l’épopée de « la tribu humaine », tout en acclimatant l’objectivisme et le concrétisme en poésie. Pour aider le lecteur français à s’orienter dans cette œuvre immense, Jonathan Pollock replace Les Cantos dans le mouvement vorticiste. À la veille de la première guerre mondiale, cette avant-garde londonienne avait fait du tourbillon, ou Vortex, le principe central de son esthétique. De fait, si la réunion de tous les canti en un seul volume peut donner l’illusion d’une construction unifiée, en réalité aucune armature structurelle ne fait tenir Les Cantos : ils se maintiennent eux-mêmes à travers la dispersion de leurs éléments, à la manière d’un cyclone, en détruisant toute l’histoire de la poésie sur leur passage…