Fondée en 1832 à l’initiative de Guizot, l’Académie des sciences morales et politiques n’avait jamais mené de travaux réflexifs sur les savoirs qu’elle désigne. Que sont donc les sciences morales et politiques ? Certainement ni les sciences sociales, ni les sciences humaines, ni même les sciences de l’esprit ou de l’âme. En se faisant les héritières des Humanités, les sciences morales et politiques semblent excéder chacune des disciplines précédemment citées, et les englober pour leur assigner une finalité qui transcende l’individu. Leur pluralité d’ailleurs fait question : est-il pertinent de les réunir dans une même académie, compte tenu des savoirs et des méthodologies divers qu’elles mettent en œuvre ? Plus encore, la dualité originelle qu’elles postulent n’a rien d’évident : d’aucuns prétendent à la résolution politique de la morale ou à la destination morale du politique. Que signifie donc le maintien de leur hétérogénéité ? En quoi leur conception est-elle spécifiquement française ? Sciences pratiques, les sciences morales et politiques placent la liberté au cœur de leurs préoccupations.