Longeant l’abîme de l’horreur politique et morale dans ses manifestations contemporaines tout en explorant les relations ambiguës qu’entretient l’art avec le crime, l’œuvre de fiction de Roberto Bolano emprunte ces voies inconnues qu’explore la poésie. Seule la poésie, fût-elle roman, supporte l’absence de réponse, le danger et la beauté du mystère. Ce livre propose quelques excursions critiques dans l’œuvre narrative de Roberto Bolano, depuis La Littérature nazie en Amérique jusqu’à 2666. Il observe comment, le lyrisme imprégnant chacun des traits de la prose, l’infra-réel et le surréel hantent ces fictions tels de clandestins agents poétiques. L’interprétation hallucinée, visionnaire, onirique du réel y insinue l’imminence du danger, la proche résolution d’une énigme, la promesse d’une révélation, le plaisir déconcertant de son élision. Une attention particulière est prêtée aux prouesses satiriques de Bolaño tout comme à son impeccable et rebelle morale littéraire.