De la Renaissance à nos jours, critiques et censeurs ont jugé certains textes littéraires comme immoraux. Les études ici réunies explorent ces jugements à la fois divers par leur contexte d’origine et homogènes dans leur interrogation sur les rapports entre les lettres et les mœurs. Sur une question aussi controversée, une enquête sur une longue période offre un recul profitable pour aborder le rôle mystérieux qu’exercent les œuvres sur les croyances et les conduites. Une telle question ne saurait se limiter à une démarche littéraire, puisqu’elle s’arrime à des débats intellectuels sur le bien-fondé de la morale, sur la part d’autonomie de l’art, sur la psychologie du public, sur la légitimité des tribunaux à prononcer des sentences sur les œuvres de l’esprit, sur la neutralité de l’autorité politique à l’égard des convictions éthiques – autant de questions toujours discutées.