Malgré l’absence manifeste de dialogue soutenu et d’échanges prolongés entre Peter Eötvös, François-Bernard Mâche et Jean-Claude Risset, une écoute plus attentive de leurs œuvres permet de déceler certains traits musicaux qui les lient d’une manière évidente. Une partie de leur création est en effet placée sous le signe de la recherche de sonorités nouvelles et de cadres structurels inouïs. Tous trois semblent manifester un penchant pour les références extra-musicales, telle l'utilisation de modèles naturels, scientifiques ou encore littéraires. Ils s’intéressent également à la mise en valeur des langues et de la parole humaine (parfois en utilisant plusieurs langues dans une pièce, ou en convoquant des langues exotiques ou en voie de disparition). On trouve également le « codage » ou la « transposition » des données d’un texte, ou de l’intonation d’un texte parlé, dans plusieurs de leurs œuvres. Le dernier aspect compositionnel important qui les relie est le théâtre musical, le théâtre instrumental ou le scénario musical imaginaire. Jean-Claude Risset parle souvent de « scénario sonore imaginaire » pour les œuvres mixtes (Du songe au son, 2008). Les deux types de sons – acoustiques et électroniques – représentent deux univers sonores distincts, et leur confrontation, leurs rapports créent chaque fois une théâtralité sonore ou une dramaturgie musicale consciemment élaborée. Les quinze contributions de cet ouvrage mettent en valeur ces traits communs ou explorent ces aspects innovants de leur création musicale.